Diablocœur
Satire en deux actes pour tous publics
“Le désir du pouvoir et de l’avoir gangrène le monde.”
Anonyme
Les Royaumes de Pique et de Cœur entrent en guerre. Alors que tel l’astéroïde Icare, la Reine de Carreaux voyage à la vitesse de la lumière, les Trèfles sont branchés quant à eux sur leurs champs de trèfles sur lesquels broutent les vaches virtuelles qu’ils ont achetées à la bourse. Tout ce petit monde triche, complote, ment, dément, pourfend et trompe jusqu’à ce que l’ombre des valets plane comme un danger certain sur ces royaumes de pacotille…
Résumé
La Reine de Cœur est traitée par le Roi de Pique de « dinde dodue ». Elle s’en offusque et déclare, sur un coup de colère, la guerre au Royaume de Pique, en l’absence du Roi de Cœur puisque l’égalité des sexes est effective et que sa voix vaut celle de son époux.
Le Roi de Cœur est aux cents coups, de Carreau, perdue au fin fond d’une galaxie retrouve la voie de pour apporter son aide, tandis que les trèfles pris dans la jet set argentée de ce monde continuent de boursicoter.
Comble de malheur, de Cœur qui, regrettant sa déclaration péremptoire, veut faire la paix avec le Roi de Pique donne en gage de sa bonne foi le sceptre du Royaume de Cœur au roi de pique, ce qui signifie dans la charte établie lors de la fondation des royaumes que la guerre devient imminente.
Les trois Rois et trois reines sont réunis pour faire face au danger émanant du belliqueux Pique, quand l’ombre des valets se profile sur la scène où les dirigeants se battent comme des chiffonniers. Et s’il était l’heure de prendre le pouvoir ?
Description des personnages :
Les personnages de la pièce sont des caricatures de personnages pouvant exister dans la vie et surtout dans les sphères « dirigeantes ».
Le Roi de Cœur est doucereux, comme du sucre candi, son univers est un univers de barba papa, mais son cœur est sec. Paresseux, il n’aime vraiment pas l’effort et trouve toujours une solution pour se débarrasser des problèmes sur sa femme ou sur son valet.
Il flatte son peuple avec une fausse humilité qui le conduit à jouer les clowns tandis qu’il amasse dans ses caves d’incommensurables richesses dont il compte bien un jour pouvoir se gaver comme il gave ce jour les oies de sa basse-cour.
La Reine de Cœur, Miranda n’a pas inventé la poudre à canon cependant elle déclare sur un coup de colère la guerre au roi de Pique comme elle donnerait un coup d’éventail à un insecte venant lui agacer le visage. Dodue elle l’est, bien qu’elle ait farci les chambres de son royaume de miroirs amincissants. Ainsi elle semble fluette à son regard dont les miroirs lui cachent les formes replètes.
Le Roi de Carreau est faible, petit, mince et fragile. Il n’a de Roi que le nom et semble aimer les heures propices à la rêverie. Peut-être est-il poète et récite-t-il dans sa barbe des vers de Lamartine ou Alfred de Musset. Il suit sa femme la Reine de Carreau, mais souhaiterait vivre tranquille dans une petite ferme aux abords d’un bois dans la sérénité de la campagne.
La Reine de Carreau a le voyage dans le sang. Elle passe son temps à faire et défaire ses valises qui ne contiennent que sa longue-vue qui lui permet de voir où elle se trouvera dans les minutes qui suivent. Ses vêtements et objets quotidiens sont dans les malles traînées par sa suite qui a vraiment de la peine à suivre. Elle déteste le droit du sol et laisse à son chambellan le soin de s’occuper des affaires courantes de son royaume. Elle ne vit qu’au travers des media qui lui créent une existence visible à peu près correcte. Entre deux images, c’est la cavalcade de de Carreau. Elle paraît cependant dynamique, efficace, exigeante, réaliste dans le découpage et montage médiatique.
Le Roi de Trèfle est financier. Il fait des affaires comme on joue au jeu d’argent. Il spécule, vend, achète, revend et rachète dans le système boursier dont les indices changent au gré des vents. La bourse comme un bulle de savon sur l’océan des misères humaines montre sa face irisée aux yeux malvoyants des financiers. Le Roi de Trèfle n’en a cure, il aime jouer, risquer, perdre pour gagner mais pas gagner pour perdre.
La Reine de Trèfle est intéressée, avare, égoïste et ne pense qu’à l’argent. Car elle aime dépenser pour elle-même. Elle aime le luxe, la richesse, l’investissement, l’avoir et tout ce qui se voit. Elle achète tout ce dont les êtres humains ont besoin pour le revendre un peu plus tard et surtout plus cher et faire ainsi de substantiels bénéfices.
Le Roi de Pique aime le pouvoir pour le pouvoir. Il aime dominer, être le plus fort, le plus beau, le plus intelligent, le plus prospère, le plus dynamique, le plus performant. Il déteste tout ce qui peut lui faire de l’ombre. Aimer le pouvoir pour le pouvoir engendre des conséquences fâcheuses. Il possède une armée de fourmis humaines suréquipées. Jalouse sa cousine de Carreau pour son impact médiatique.
La Reine de Pique n’a pas grand-chose à dire puisqu’elle est enfermée, bâillonnée, dans une volière. Dès que le Roi de Pique lui enlève le bâillon, elle l’invective dans un torrent d’injures. Ce qui fait qu’il lui remet vite fait bien fait son bâillon.
Le Valet de Pique est le souffre douleurs de son maître. Il est à ce point humilié dans sa vie quotidienne qu’il fomente dans sa tête des complots terribles. N’est-ce pas lui qui dirige les ombres vêtues de capes noires qui circulent dans le couloirs des Royaumes pour préparer un coup d’état ?
Le Valet de Cœur n’a pas une vie bien plus gaie que celle de son compère le valet de pique. La force de la révolte fait bouillonner son estomaque et peut-être se sent-il prêt à prendre la place de son maître déliquescent.
Valet de carreau et Valet de Trèfles tentent de suivre leur maître mais sont prêts à mettre une bombinette dans la soupe des patrons.
As de Cœur : représentant des Dieux ou membre du Conseil de l’Europe.
Note d’intention :
Ce spectacle est destiné aux adolescents et aux adultes.
Il peut être joué dans l’arène d’un cirque ou plus modestement dans une salle de gymnastique ou une salle de sport, où sont organisés les matches de basket-ball, afin que certains personnages dont les Carreaux et les Piques puissent descendre, encordés, du plafond. Les Cœurs, comme d’énormes, toupies sont plaqués sur le sol par leur poids et leur trop grande consommation de sucreries. Les personnages sont suivis par l’éclairage des media, car ce qui reste dans l’ombre n’existe pas ou ne fait que vivoter. La mise en scène doit donner l’impression d’un monde en constant mouvement. Un écran rend compte des résultats boursiers, fruits du hasard avec quelques loups qui s’efforcent d’en capter les gains.
On peut imaginer sur le côté des personnes comptant les points que marquent chaque Royaume. L’un semble gagner et vers la fin tout est mélangé et l’on recommence sur une base on ne peut plus aléatoire.
L’intention première de ce spectacle est de tenter de rendre compte le plus objectivement possible de la marche d’un monde ubuesque. A force de courir après leur ombre, les personnages deviennent des ombres et perdent leur substantifique chair. Les acteurs pris dans la machine infernale de la course au profit, au pouvoir sur l’autre ou les autres, ou la course tout court ou l’on ne sait plus pourquoi l’on court deviennent des objets colorés dans un monde qui les fait rouler comme des boules de bowling sur un parquet lustré.
Ils échappent par leur convoitise à la force de gravitation qui les propulse comme des boules de billards électriques dans l’espace vertical qui ne contient plus de mystères.
L’intention seconde mais néanmoins première de ce spectacle demeure d’en rire tant il est vrai que le rire ne noie pas, à l’image des pleurs. (RdlC)