Morvale 75
Elle taille son crayon. Sur la page blanche, elle écrit. Ce qui lui passe par la tête. L’ambition de Morvale est de tenter de dégager, de laisser affleurer, d’entrapercevoir les mécanismes qui aliènent le psychisme.
« Je le sais. Je n’aboutirai jamais, se dit-elle. Il demeure impossible de mettre à nu, de dévoiler ce qui par essence est caché.
Seul le chemin parcouru sur cette voie peut avoir de l’importance. Une recherche d’identité. Plus qu’aboutir, je cherche un semblant de réponse. Une approche qui me laisse deviner une solution possible. Entendez-vous quelque chose ? Le fond de l’air est frais. Je ne cherche plus de réponse car il n’y en a pas. Dans l’infini des réponses possibles, il en existe un certain nombre qui ne sont que des formulations approximatives. »
Parfois l’écriture est belle. Cette beauté n’aura d’importance que si les rythmes et les forces qui la suggèrent enrichissent le sens.
Cette même écriture reste informelle, c’est-à-dire libre, dans le sens où la forme n’est ni préétablie, ni voulue par le mental. Elle n’est ni roman, ni essai, ni théâtre ou poésie, autant de cages-mots, osier fragile retenant prisonnier ces anges qui perdent leurs ailes.
« Dans la maison où je suis, je cherche à la lumière d’une bougie, les restes de ce qui fermente en moi-même. Le levain de vie qui tous les jours me fait avancer doit aujourd’hui disparaître de mon corps pour faire place au vide de l’espérance.