La frontière entre des textes dits poétiques et des textes en prose est parfois ténue.
Rochat de la Corne n’a jamais eu la volonté rigoureuse de « faire de la poésie ». Avec ses premiers écrits peut-être (elle était très jeune), lorsqu’elle composa, comme beaucoup d’autres à son âge, des petits sonnets et autres figures poétiques…
« Je me souviens avoir rongé le crayon que j’utilisais pour trouver la rime appropriée et compter les pieds de chaque vers… », se souvient-elle.
Cette façon d’écrire fut vite remplacée par la liberté régulière et absolue d’écriture ou du moins le vécu le plus libre possible dans les cages dorées dans lesquelles elle vivait. Son professeur de français (elle avait 15 ans) lui reprocha son manque de discipline dans des exercices d’écriture poétique… Ce premier pas reste important néanmoins dans sa façon d’envisager plus tard l’écriture. Cette dernière doit rester l’expression la plus profonde possible d’un être humain débarrassé de la cohorte de préjugés de l’enfance qui le font ressembler à s’y méprendre sous des formes parfois nouvelles aux précédents, père, mère, grands-parents, famille, enseignants, etc…
Cette cohorte de préjugés qui sortent par la plume forment pourtant une grande partie de l’œuvre d’où jaillissent comme des flashes de lumière un peu de cette vérité approchée qui tient en éveil l’être humain sur son chemin.
La vie est bien paradoxale et beaucoup se précipitent au cœur de ce paradoxe en défendant l’une ou l’autre expression de ce dualisme forcené. En art, l’avant-garde peut être le lieu d’un puissant conservatisme et une expression plus traditionnelle le lieu de l’ouverture. Qui sait?
La différence est dans le style, bien sûr, mais surtout dans une façon d’écrire et d’exprimer ce que celui ou celle qui tient l’outil (plume ou informatique) ressent intérieurement.
La poésie reste proche de la musique avec des rythmes, des sons surgis de l’ombre intérieure, notre ombre intérieure puisque la lumière pour exister devrait être un flash dans une nuit profonde. La poésie, c’est le flash. Plus ou moins intense, plus ou moins long ou court. La poésie semble venir d’ailleurs. Ou des tréfonds de notre personne, là où se forme l’alchimie de la parole. Bien sûr, il est plus difficile d’avoir un texte poétique avec un sujet, économique par exemple.
Si les traders étaient poètes la face du monde en serait changée!
« La poésie n’est pas la joliesse du langage. Elle peut l’être mais pas seulement. Par écrits poétiques, j’entends une errance exprimée sur les chemins d’une vie qui ressemble à d’autres vies et qui exprime par le biais d’un rythme ou de sons « l’indicible chemin vers la profondeur de l’être… » (DB)
Introduction au texte inclus dans ce site au Ier mai 2013 sous le registre « textes poétiques ». « Et dans la vie un homme meurt… » fut écrit dans les années soixante. Il est présenté de façon que nous ayons un peu de peine à le lire, non que l’auteur veuille semer la difficulté mais parce que ce texte devrait être lu de façon lente.