A la Quête d’une identité, tels sont les mots qui résument le mieux le vécu de Saumebodie. Si l’arbre est un corps, les racines de cet arbre sont europérennes. Saumebodie prit un pot et plaça dans ce pot les racines qu’il arracha à sa terre natale, la Suisse. Il partit en exil en Provence, à Aix, puis revint quelques années à Genève avant de s’installer sur les lieux de naissance de sa grand-mère maternelle, la Vallée. Puis il vécut à Vienne à Paris à Genève avec pour toile de fond les montagnes jurassiennes. Dans les années soixante, Saumebodie commence à vivre des métamorphoses étonnantes. Il se sent homme dans un corps incertain. Et femme sur un chemin qui lui présente des stéréotypes contre lesquels il se révolte sans peine puisque ces stéréotypes lui sont étrangers. Il éprouve une sorte de trouble non pour le mélange des genres mais pour la recherche de son degré d’appartenance à une mimesis maternelle et paternelle. Une révolte silencieuse naît de ce travail en profondeur des sources de notre appartenance sexuelle. Révolte consécutive aux manques de repères d’une société placée sous le signe de l' »avoir », du culte de l’image, de la matérialité aux mille visages. Dans un Palais des glaces des champs de foire, le corps perdu d’une personne humaine, nommée « Saumebodie », cherche sa voie dans une férocité terrible qui parfois exacerbe les rapports humains. Le monde de la nuit avale Saumebodie. Je suis un homme sans sexe, je suis une femme androgyne. Dans l’entre-deux des genres qui dominent le monde. Qui suis-je ?
C’est pour ne pas être la proie d’aussi douloureuses errances solitaires que le travail de parole nous est nécessaire. Sinon comment nous, « parlêtres », saurions-nous où nous en sommes dans notre parcours affectif, égarés dans des jugements trop lourds, vis-à-vis d’autrui ou vis-à-vis de nous-mêmes? Charlotte Herfray « Emil ou les héritiers sans testament »; bf ed; 2008; p. 51
La philosophie m’inspire dans cette décennie des textes satiriques. Le théâtre des textes à jouer par des hommes ou des femmes, sans distinction (les numéros de la « Peste des Mots »). Des hommes jouent des femmes et ces dernières peuvent jouer ce qui ressemble dans le Palais des glaces à des hommes. Le « Messie » est représenté par un contrôleur de la navigation d’un bateau dont les flots sont pris par des vagues de fond radioactives (Shakenried). Saumebodie regarde ce monde d’apparences dans une errance sans nom.